Les procédés conventionnels de teinture et d’ennoblissement des textiles sont lourds, complexes et très impactants pour l’environnement. Afin d’améliorer les rendements tinctoriaux, d’optimiser l’emploi des ressources et de limiter la génération d’effluents, certains acteurs ont travaillé sur la mise en œuvre de procédés numériques, de technologies plasma ou de procédés sonochimiques. L’article s’intéresse à une technique de teinture au laser, baptisée « peri-dyeing » qui permettrait non seulement de réduire fortement les consommations en eau, en énergie et en produits chimiques pour la teinture, mais qui pourrait également constituer une méthode d’amélioration des possibilités de l’impression numérique.
Jusqu’à un passé récent, les technologies laser étaient utilisées dans l’industrie textile pour réaliser du marquage, de la microgravure, des découpes, du perçage, de l’abrasion, des décolorations ou des ablations par exemple pour obtenir des effets visuels 3D de personnalisation sur des jeans (délavage), de la texturation de surface, de la modification physico-chimique des propriétés de surface sans contact, du soudage, du contrecollage, la génération d’éléments conducteurs (dépôt de graphène), ou encore en tant qu’aide à l’alignement et au positionnement d’instruments (confection, assemblage, impression, prise de mesures, inspection des défauts, contrôle qualité). Des travaux de recherche menés entre 2012 et 2015 par les universités britanniques de De Montfort et de Loughborough, et financés par The Arts and Humanities Research Council, ont conduit à la découverte d’une méthode de fixation de colorants pour les textiles à l’aide de la technologie laser.
La technique « peri-dyeing » permet de traiter des articles en fibres synthétiques, en particulier les vêtements de sport et les maillots de bain en polyamide et en élasthanne. L’utilisation d’un laser CO2 va produire un faisceau infrarouge qui, par action photothermique, va fixer et faire diffuser des colorants standards (à l’interface rayon-matière) sur des substrats textiles, sans les dégrader. Selon les chercheurs, cette méthode de teinture ciblée et très souple permettrait des colorations et motifs dont la précision est comparable à ce qui est obtenu avec l’impression numérique. En outre les solidités de teinture au lavage, au frottement et au chlore seraient très bonnes.
Cette méthode de teinture durable, qui s’inscrit bien dans le contexte de l’Industrie 4.0, pourrait constituer une voie alternative efficace et rapide pour les concepteurs du sportswear et du swimwear, notamment pour des opérations de personnalisation et la réalisation de petites séries. Les chercheurs vont poursuivre leurs investigations et analyser les chaînes de valeur et d’approvisionnement afin de mieux cerner les potentialités et avantages de cette technique de teinture.
Date : 04/2020